Zoom sur le réseau RKS
Pour apaiser les douleurs générées par les effets secondaires du cancer du sein, je suis accompagnée par le Réseau des Kinés du Sein (RKS) depuis plusieurs années maintenant. Ces kinés spécialisés reçoivent des formations spécifiques et sont d’une grande aide pour les patientes atteintes de cette maladie. J’ai souhaité donner la parole à celle qui me suit depuis plus d’un an maintenant, Sabine Cornillet, installée à Cuges-les-Pins dans les Bouches-du-Rhône.
Qu'est ce que le Réseau des Kinés du Sein ?
Sabine Cornillet : Nous sommes une jeune association de presque 800 professionnels répartis dans toute la France qui a été créée par Dorothée Delecour. Cette kiné bordelaise a remarqué, au fil des années, que les chirurgiens, radiothérapeutes et oncologues notamment ne connaissaient pas vraiment notre travail en tant que kiné et réciproquement. Elle a donc décidé de nous réunir pour qu’on crée davantage de ponts entre nous.
Et cela fonctionne ?
Je dirais que, progressivement, des liens se créent entre chirurgiens et kinés, mais il reste du travail. Certains médecins ne prescrivent toujours pas de séance de kiné par exemple à des patientes qui souffrent d’un cancer du sein, ils disent trouver cela inutile. Ces discours reflètent une certaine méconnaissance de notre travail. Peu de médecins savent, par exemple, que l’on peut préparer les tissus des patientes en pré-opératoire afin de faciliter l’intervention chirurgicale. En tant que kinés spécialisés, nous faisons de nombreuses formations spécifiques pour permettre une prise en charge globale. On va plus loin que le traditionnel drainage lymphatique et la récupération articulaire. On travaille à la fois sur les cicatrices, les douleurs, les oedèmes ou encore les postures. Avec, à chaque fois, une approche personnalisée pour cibler les nécessités. Le but également, c’est de remettre les patientes en scelle et faire en sorte qu’elles reprennent le sport petit à petit.
En quoi votre approche est différente de celle d’un kiné “classique” ?
De nombreux kinés “classiques” font très bien leur travail mais c’est vrai que notre spécialisation nous permet d’avoir une approche plus pointue, voire plus adaptée. Personnellement, je vais régulièrement voir les opérations d’une chirurgienne spécialisée à Marseille, le docteur Marie Bannier, de l’institut Paoli-Calmettes. Le fait de la voir opérer permet de comprendre ensuite pourquoi les patientes souffrent de telle ou telle douleur. Dans le réseau RKS, nous avons également des groupes de discussion dans lequel nous échangeons entre professionnels quand quelqu’un a du mal avec une problématique et on s’entraide. Nous faisons également très attention à la prise en charge des patientes, elles reçoivent régulièrement des questionnaires pour savoir si elles sont satisfaites de la prise en charge du kiné RKS qui les accompagne.
Pour ma part, cet accompagnement a aussi été psychologique. Est-ce que c’est le cas tout le temps ?
La plupart du temps c’est le cas en effet. Durant les consultations, les patientes ont tendance à beaucoup se livrer et souvent ça craque et elles pleurent. On accompagne beaucoup de femmes avec des enfants en bas âge par exemple. Elles doivent mener de front la maladie, l’éducation des enfants…, ce n’est pas évident même si elles sont bien soutenues. Les premières années, j’avais du mal à gérer ces émotions mais aujourd’hui, à 52 ans, c’est plus facile. J’ai perdu deux amies très proches d’un cancer du sein et c’est devenu mon leitmotiv d’aider ces femmes, de savoir trouver les mots justes… Et quand nos patientes nous disent qu’on leur apporte énormément, cela donne vraiment du baume au coeur.
Quel regard portez-vous sur les Minettes en Goguette ?
Je trouve cela génial ! Le fait que ce projet soit porté par quelqu’un qui a eu un cancer de sein, qui ait dû gérer les effets secondaires et les difficultés pour s’habiller, fait une grande différence. Nous en avons beaucoup discuté ensemble, j’ai vu les tenues, les matières utilisées et je suis persuadée que cela peut avoir une influence positive sur le quotidien de nos patientes.
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